Mercosur Aloyaux en danger

En 2016, environ 450 000 tonnes équivalent carcasse (téc) d’aloyaux de race à viande ont été produits dans l’UE. « Si on additionne les 50 000 t du Ceta, prévues pour 2022, aux 70 000 t potentielles du Mercosur (1), ce sont 120 000 t d’aloyaux qui viendraient en concurrence avec les productions locales, calcule Philippe Chotteau, économiste à l’Institut de l’élevage. Si l’aloyau représente 15 % du poids de la carcasse, il compte pour 30 % de sa valeur. » C’est cette haute valorisation qui attire les exportateurs mercosuriens. La preuve, « même si les volumes exportés vers l’Asie augmentent de façon considérable, les Sud-Américains n’ont jamais laissé tomber le marché européen. »

Le Mercosur fournit plus des deux tiers de la viande bovine importée par l’UE. En 2016, 234 000 t ont traversé l’Atlantique. « Tout passe à travers des contingents à droits réduits existants. D’Amérique du Sud nous arrivent deux catégories de viande : celle transformée sous forme de corned-beef, majoritairement destinée au Royaume-Uni, et des découpes d’aloyau et de globe sous vide, fraîches ou congelées. Cette seconde catégorie intéresse surtout les restaurateurs, attirés par des prix compétitifs. »

Baisse des prix

« Plus que la concurrence en termes de volume, c’est le dumping qui pourrait s’avérer très dangereux, estime Philippe Chotteau. Bien sûr, les exportateurs auraient intérêt à garder une valorisation élevée des aloyaux, mais dans un marché de plus en plus concurrentiel, certains opérateurs peuvent casser les prix pour gagner des volumes. » L’autre risque est d’ordre sociétal : « Si un scandale sanitaire éclate sur des viandes importées, c’est tout la filière qui en pâtira. »

(1) Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay.